Chère lectrice, cher lecteur,
Souhaiter une «bonne année» me semble inapproprié en ce moment - qu’y a-t-il de bon? Où se situe aujourd’hui la frontière entre le bien et le mal? Ce dont nous avons besoin, c’est de courage. Je nous souhaite donc à tou·tes une «Nouvelle année courageuse».
Le courage de désobéir. Du courage pour ne pas se soumettre. Du courage pour soutenir ceux et celles qui se rebellent contre la violence destructrice sans mesure. Des Palestinien·nes qui condamnent les actes meurtriers du Hamas; des Israélien·nes qui protestent contre la guerre cruelle menée par leurs dirigeants. Des femmes russes qui descendent dans la rue pour manifester en faveur du retour de guerre de leur mari, leurs frères, leurs amis.
Ici, nous ne risquons rien à nous énerver, à prendre parti, à débattre pendant des jours, des semaines et maintenant des mois sur les agissements des différents camps. Nous n’attendons pas dans la peur et l’angoisse comme les gens là-bas, la libération d’un être cher pris en otage. Nous n’avons pas à sortir nos enfants morts des décombres de ce qui était autrefois notre maison.
Et au seul risque que certain·es se désabonnent de l’Archipel, j’écris: aucun gouvernement ni aucune organisation n’a le droit de tuer des gens simplement parce qu’ils vivent de l’autre côté d’une frontière, ont une autre religion, une autre histoire. Aucune histoire ne justifie de tuer en masse des enfants et des adultes. Dans aucun pays! Bien sûr, il est important de voir et d’examiner les faits et le contexte afin de pouvoir comprendre certaines relations. Mais «l’histoire» - toujours poussée plus loin - se fait principalement sur le dos des populations. Et logiquement, les dirigeant·es et celles et ceux qui aspirent au pouvoir tentent de gagner les gens à leurs intérêts, sans toutefois leur dévoiler leur stratégie inhumaine.
«Le plus grand mal n’est pas radical, il n’a pas de racines, et parce qu’il n’a pas de racines, il n’a pas de limites, il peut se développer jusqu’à des extrêmes inimaginables et se répandre dans le monde entier», écrivait Hannah Arendt. Comme elle a raison!
Quant à nous, essayons d’être radicaux. De nous recentrer sur nos racines. Dans ce qu’il y a d’humain en nous. Ayons le courage de nager de toutes nos forces à contre-courant aux côtés des déraciné·es.
Constanze Warta